La réduction des risques
La santé sexuelle et les conduites addictives sont deux thématiques étroitement liées. En effet, l’utilisation de substances avant, pendant ou après des rapports pour en optimiser les effets ressentis ou les performances, peut accroître les comportements à risque tels que les rapports non protégés (ce qui peut entraîner des infections sexuellement transmissibles ou des grossesses non désirées) ou augmenter le risque de violence.
L’accès à une information objective fait partie des droits sexuels. Toutes les stratégies de réduction de risques doivent être présentées de manière égale avec leurs efficacités et avantages ainsi que leurs limites et inconvénients. Chaque personne est libre de choisir la stratégie qui lui convient.
La RdR se base sur le droit de vivre une sexualité et les droits sexuels.
- La RdR prend en compte que la sexualité est vécue de manière différente.
- La RdR en santé sexuelle se centre principalement sur les risques de:
- IST (avec un point central sur le VIH, puis hépatites)
- Grossesses non voulues
- La RdR s’inscrit pour les IST dans le programme national.
- Informer les personnes sur le consentement sur les modes de transmission du VIH et des autres IST, sur les risques de grossesse, ainsi que des stratégies efficaces de réduction des risques:
-
- Vaccination
- Contraception et/ou traitement anti VIH préventif ( PrEP) ou thérapeutique ( TasP, U=U)
- Préservatifs externes et internes
- Rapports sexuels sans risque de transmission du VIH et/ou de grossesses
- Relation et dialogue (consentement exclusivité sexuelle, accord sur la RdR IST et grossesse, information des partenaires)
- Informer sur les possibilités d’agir après un rapport sexuel :
- Év. Traitement VIH d’urgence (PEP) et/ ou contraception d’urgence, dépistage et/ou test de grossesse.
- Év. Traitement et/ou interruption de grossesse.
- Informer sur les droits des personnes
- Adopter une attitude non-jugeante,
- Assurer la confidentialité
- Valoriser l’attitude responsable de la personne qui consulte afin de s’informer et de préserver sa santé
- Orienter vers les services spécialisés
Grossesse non-planifiée
Cette partie vise à apporter des informations pratiques. Les enjeux relatifs à la santé reproductive et la parentalité sont présentés sur cette page.
La contraception fait référence aux méthodes ou aux dispositifs utilisés pour éviter une grossesse.
Elle fonctionne en empêchant soit la libération d’un ovule par l’ovaire, soit l’union de l’ovule et du spermatozoïde, soit l’implantation de l’œuf fécondé dans l’utérus. Il existe plusieurs méthodes contraceptives qui devraient être présentées de manière objective avec leurs avantages et leurs inconvénients afin de permettre aux personnes de faire un choix libre et éclairé.
- Les méthodes hormonales
- Les dispositifs intra-utérin
- Les méthodes de barrières
- La stérilisation
En Suisse, il est possible d’obtenir des conseils gratuitement auprès d’un centre de santé sexuelle.
Plus d’information sur ces différentes méthodes en plusieurs langues sur : Sex&Facts et Santé Sexuelle Suisse
La contraception d’urgence est une méthode de contraception utilisée pour prévenir une grossesse après une relation sexuelle non protégée ou si la méthode de contraception utilisée s’est révélée inefficace.
Plusieurs méthodes existent. Une contraception d’urgence hormonale permet de retarder ou bloquer l’ovulation. Un DIU ( dispositif intra utérin ou « stérilet ») permet d’empêcher la fixation de l’ovule dans l’utérus.
La contraception d’urgence doit être initiée le plus rapidement possible après le rapport et, selon le type de comprimé, au plus tard 72h (3 jours) ou 120h (5 jours) après le rapport sexuel.
Une contraception hormonale d’urgence peut être obtenue sans ordonnance auprès de
- Une pharmacie
- Des urgences (gynécologiques) d’un hôpital
- Un cabinet de gynécologie
- Un centre de santé sexuelle, souvent à moindre coût.
La contraception d’urgence est accessible aux mineur·x·e·s sans besoin de l’autorisation d’un·x·e parent·x·e ou autre représentant·x·e légal·x·e.
Le coût de la contraception d’urgence (entre CHF 25 CHF et 40 CHF) ne peut pas être pris en charge au titre de l’assurance obligatoire des soins (dite assurance maladie de base). Pour autant, il ne faudrait pas renoncer à une contraception d’urgence pour une raison de coût, une interruption de grossesse serait plus chère.
Lorsqu’une personne demande une contraception d’urgence, une consultation devrait être encouragée notamment pour assurer le suivi (test de grossesse éventuel, consultation en cas de grossesse…) et pour évaluer la pertinence d’un traitement d’urgence anti-VIH (PEP) et/ou d’un dépistage du VIH, des autres IST majeures et des hépatites.
Un test de grossesse est un test-médical qui permet de détecter la présence de l’hormone gonadotrophine chorionique humiane (hCG) dans l’urine ou le sang d’une femme enceinte.
Des tests sont disponibles :
- En pharmacie.
- En grande surface.
- Dans les distributeurs automatiques (ex. gare CFF).
Ou alors dans
- Un cabinet médical (médecine générale ou gynécologique)
- Des centres de santé sexuelle ( anciennement appelé planning familiaux).
En cas de test négatif et si les règles ne reviennent pas ou en cas de doute malgré des saignements, il est recommandé de renouveler le test deux semaines plus tard.
En cas de grossesse, il est possible d’obtenir des conseils gratuitement auprès d’un centre de santé sexuelle. La première question sera de savoir si la personne souhaite ou non poursuivre la grossesse. Elle peut décider de l’interrompre ou de la poursuivre.
Une interruption de grossesse, également appelée avortement est la procédure médicale qui vise mettre fin à une grossesse de manière intentionnelle
Les délais
En Suisse, jusqu’à la 12e semaine de grossesse, la personne peut choisir de la poursuivre ou de l’interrompre (régime du délai). Passé ce délai, un·x·e médecin évalue la situation (art. 119 CPS). En revanche, la loi n’impose aucun délai de réflexion avant de pouvoir confirmer sa décision.
Le choix
La personne peut décider seule d’interrompre sa grossesse. Elle peut le faire ou non en concertation avec un·x·e éventuel·x·le partenaire (conjoint·x·e et/ou partenaire sexuel·x·le). Les personnes mineur·x·e n’ont pas besoin de l’autorisation d’un·x·e parent·x·e ou d’un·x·e autre représentant·x·e légal·x·e. Pour autant, avoir quelqu’un à ses côtés peut aider à prendre sa décision puis le cas échéant comme soutien lors de la procédure et après celle-ci.
Les coûts
En Suisse, les coûts relatifs à une interruption de grossesse (500 à 3’000 CHF) peuvent être pris en charge au titre de l’assurance obligatoire des soins, la déduction faite de la participation aux soins (franchise et quote-part).
Relations et violences
Les violences sexuelles peuvent prendre différentes formes et se produire dans divers contextes, tels que dans un couple établi, avec un ex-conjoint ou ex-partenaire, un partenaire occasionnel, avec une personne connue de l’entourage, ou avec une personne inconnue. Ces violences peuvent être répétées ou habituelles, ou bien des manifestations plus occasionnelles. Elles peuvent inclure des agressions sexuelles, des viols ou des mutilations sexuelles.
La consommation d’alcool ou de substances psychoactives peut être un facteur de risque d’aggravation des violences. Dans le domaine des addictions et de la santé sexuelle, les termes suivants sont utilisés :
Soumission chimique : Lorsqu’une victime se voit, administrer des substances psychoactives à son insu ou sous la contrainte.
Vulnérabilité chimique : lorsqu’une personne consomme volontairement des substances psychoactives se plaçant dans un état de vulnérabilité.
Le consentement est un accord volontaire et mutuel entre deux ou plusieurs personnes. Le consentement implique que la décision a été prise sans pression, contrainte ou coercition. Dans le cadre de relation sexuelle, le consentement est impératif. Si l’une des personnes impliquées ne donne pas son consentement ou ne peut pas donner son consentement en raison de l’âge, de l’état d’ébriété, de la maladie mentale ou de tout autre facteur, toute activité sexuelle est alors considérée comme un viol ou une agression sexuelle.
Le terme “rapport transactionnel” est souvent utilisé dans le contexte des relations sexuelles commerciales ou des échanges sexuels pour des faveurs ou avantages en dehors d’une relation amoureuse ou sexuelle mutuellement consentie.
Conseils de prise en charge
- Lors d’un entretien avec une personne consommatrice, il serait pertinent de questionner le mode de financement de la consommation afin, le cas échéant, de pouvoir discuter des stratégies de réductions des risques adéquates lors de rapports transactionnels voire d’identifier des situations problématiques (emprise économique et traite).
- Lors d’un entretien avec une personne proposant des prestations sexuelles, la question des consommations devrait être systématiquement abordée afin de pouvoir apporter un conseil adéquat en matière de réduction des risques notamment dans le cadre professionnel (risques liés à l’exercice sous l’effet de substance).
Le travail du sexe
Le travail du sexe est un travail. Les personnes proposant des prestations sexuelles ont des rapports sexuels dans un cadre professionnel. Dès lors, les recommandations de réduction des risques et dommages sont spécifiques. Ainsi, autant que possible, les rapports sexuels devraient systématiquement avoir lieu avec une barrière mécanique y compris en complément d’un traitement anti-VIH (préventif ou thérapeutique) :
- préservatif pour les pénétrations, mais aussi pour les fellations, digue pour les cunnilingus et les anulingus,
- gants pour les pénétrations digitales…
Des dépistages réguliers du VIH et/ou des autres IST sont recommandés.
- Ces points méritent d’être évalués et d’être également rappelés aux personnes payant pour celles-ci. Les client.x.e.s ne devraient pas faire pression sur les travailleur·euse·x pour obtenir des prestations sans protection mécanique, c’est une infraction au consentement et une augmentation du risque de transmission d’IST
En Suisse, toute personne qui a été victime d’une infraction portant atteinte à son intégrité physique, psychique ou sexuelle, a le droit de bénéficier d’une aide et d’un soutien de la part de l’aide aux victimes.
- Les consultations sont gratuites, confidentielles et anonymes.
- Ce service offre des informations sur les droits et les démarches juridiques et les questions d’assurances
Infections sexuellement transmissibles
De nombreux virus ou bactéries peuvent être transmis lors des rapports sexuels, avec ou sans pénétration :
- Les infections bactériennes regroupent par exemple la chlamydiose, le gonococcie, la syphilis
- Les infections virales regroupent le VIH, les hépatites A (VHA); B (VHB) et C (VHC), les infections à papillomavirus humain (HPV) et l’herpès génital
- Les infections parasitaires comme la trichomonase.
Cette partie offre des informations afin de réduire au mieux les risques et les éventuels dommages liés à une infection par le VIH, une autre infection sexuellement transmissible ou une hépatite.
La vaccination est un moyen efficace pour se protéger contre certaines MST et IST. Se faire vacciner peut aider à prévenir la propagation de certaines maladies et protéger la santé de la communauté dans son ensemble. Il existe des vaccinations contre plusieurs infections transmissibles sexuellement et/ou par le sang. Ces vaccinations sont efficaces et sans risques majeurs.
Hépatite B (VHB)
La vaccination contre l’hépatite B est recommandée à l’ensemble de la population. Elle fait partie des vaccinations scolaires gratuites. Une vaccination de rattrapage est possible à tout âge et peut être prise en charge au titre de l’assurance obligatoire des soins (dite assurance maladie de base) déduction faite de la participation aux soins (franchise et quote-part).
Un contrôle d’immunité est recommandé aux personnes particulièrement exposées, notamment les personnes ayant de nombreux partenaires, y c. des rapports rémunérés, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes originaires de pays à haute prévalence.
Hépatite A (VHA)
La vaccination contre l’hépatite A est recommandée à toutes les personnes ayant des pratiques anales (anulingus, pénétration péno-anale, fist…) notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes proposant des prestations sexuelles (travail du sexe). Elle peut dans ce cas être prise en charge au titre de l’assurance obligatoire des soins (dite assurance maladie de base) déduction faite de la participation aux soins (franchise et quote-part). Elle est aussi recommandée aux personnes voyageant dans des pays à haute prévalence, notamment si des rapports sexuels ont lieu pendant le séjour.
Papillomavirus humain (HPV)
La vaccination contre les papillomavirus (HPV) est recommandée à l’ensemble de la population et elle est même gratuite jusqu’à 27 ans. Elle fait partie des vaccinations scolaires gratuites. Une vaccination de rattrapage est possible en tout temps. Dans le cadre des plans cantonaux, elle est gratuite jusqu’à 27 ans. À partir de 27 ans, la vaccination reste possible, mais elle sera à charge des bénéficiaires. Pour réduire les coûts, il est possible de retirer les vaccins dans une pharmacie d’un pays voisin avec une ordonnance suisse.
Se protéger est un élément crucial pour la santé sexuelle.
Toutes les stratégies de réduction des risques de transmission du VIH doivent être présentées de manière égale avec leurs efficacités et avantages ainsi que leurs limites et inconvénients. Chacun·x·e est libre de choisir les stratégies qui lui conviennent et de renoncer aux autres.
Le VIH se transmet lors de pénétrations (anales et/ou vaginales) sans protection (préservatif et/ou PrEP) avec un·x·e partenaire dont le statut VIH est inconnu ou incertain. C’est ce que l’on appelle une exposition potentielle au VIH.
Le dépistage est un processus médical qui vise à détecter une maladie ou une infection à un stade précoce, souvent avant l’apparition des symptômes. Se dépister permet de prévenir et contrôler la propagation des infections sexuellement transmissibles.
Recommandation pour un dépistage/ contrôle du VIH et autres IST
- Symptômes compatibles avec une infection par le VIH, une autre IST ou une hépatite.
- Exposition potentielle au VIH.
- Partenaire ayant annoncé avoir découvert vivre avec le VIH, une autre IST ou une hépatite.
- Relation stable et exclusive sexuellement avec le souhait de renoncer aux autres stratégies de réduction des risques et dommages.
- Consommation de substances en particulier par sniff et injection
Les IST restant majoritairement sans symptômes évidents, il est également recommandé de faire des dépistages / contrôles réguliers même en l’absence de symptômes dans les situations suivantes :
- Rapport en dehors d’une relation exclusive : se dépister tous les 12 à 36 mois selon le nombre de partenaires.
- Rapports sexuels entre hommes : se dépister tous les 3 à 12 mois selon le nombre de partenaires.
- Personnes vivant avec le VIH ou prenant la PrEP : lors de chaque consultation de suivi.
Plus tôt une infection est dépistée, plus tôt elle pourra être traitée. Cela permet de préserver sa santé et de prévenir la transmission.
Les IST majeures à contrôler
- VIH
- Syphilis
- Gonorrhée
- Chlamydia
- Hépatites A, B, C selon les comportements sexuels et de consommation.
Un dépistage implique :
- Une prise de sang pour le VIH, la syphilis et éventuellement les hépatites.
- Des prélèvements locaux selon la génitalité et les pratiques sexuelles :
- Frottis pharyngé (fond de gorge) pour les personnes ayant donné des fellations.
- Frottis anal (bulle rectale) pour les personnes ayant une vulve et/ou pratiquant la pénétration anale réceptive.
- Frottis génital: frottis vaginal ou du méat urétral pour les personnes ayant un pénis. Une analyse d’urine est possible pour les personnes ayant un pénis (1er jet d’urine au moins 2h après la dernière miction).
Se traiter et informer ses partenaires sont deux éléments clés pour :
- Préserver sa santé.
- Prévenir la transmission.
Les infections bactériennes (chlamydia, gonorrhée, syphilis…) peuvent être guéries grâce à un traitement antibiotique. En l’absence de traitement, certaines infections peuvent se guérir spontanément ou bien perturber et provoquer une atteinte des organes avec des conséquences durables (douleurs chroniques, stérilité…).
Certaines infections virales peuvent guérir spontanément (majorité des infections HPV, VHA, VHB, mais pas le VIH ou VHC). À défaut, il est possible de se traiter pour éliminer l’infection ou tout du moins limiter voire supprimer les impacts de l’infection sur la santé ainsi que les risques de transmission.