L’accompagnement
Les parents qui consomment des substances et leurs enfants peuvent être confrontés à de nombreux défis, qu’ils soient d’ordre personnel, économique, social ou systémique. Selon une étude menée en France en 2012, ils présentent un taux de signalement aux services de protection de l’enfance plus élevée, ainsi qu’un risque accru de se voir retirer la garde de leurs enfants, par rapport aux parents qui ne consomment pas de substances.
Ainsi, afin de pouvoir aborder et accompagner ces personnes, les membres des équipes doivent disposer des connaissances et des compétences nécessaires. Celles-ci peuvent être transmises/acquises puis actualisées et entretenues dans le cadre de la formation initiale et continue.
Au-delà des échanges avec les membres des équipes professionnelles, les personnes consommatrices devraient également pouvoir accéder de manière autonome aux informations de santé sexuelle. Cela peut se faire par la mise à disposition de matériel d’information dans les espaces collectifs de l’institution (brochures d’information, matériel de promotion des organismes spécialisés, etc.).
De la même manière, les équipes professionnelles non spécialisées en matière d’addictions peuvent bénéficier de formations de bases en addictions afin d’affiner leur compréhension et leurs postures et d’être en mesure de mieux repérer et accompagner les consommations problématiques. Les personnes qui fréquentent les consultations en santé sexuelle devraient également avoir accès de manière autonome à de l’information /prévention concernant les substances.
Les liens réseau peuvent être entretenus et améliorés par le développement de projets communs. Il peut s’agir de séance d’information et d’échange voire de formation réciproque entre les équipes des deux domaines.
Pour les publics réciproques, des espaces d’information et d’échange, voire des prestations croisées entre les institutions, peuvent être mis en place (ex. consultations en santé sexuelle et/ou de dépistage dans une institution addictions).
Enfin, des projets interinstitutionnels peuvent être développés concernant des enjeux intersectionnels entre le domaine de la santé sexuelle et celui des consommations (campagne et matériel d’information, conférences et colloques, modules de formation, interventions politiques, etc.).
L’implication des partenaires est primordiale. Les pères doivent être également inclus davantage dans les suivis. Souvent les mères sont vues comme les premières, voire uniques, responsables. La société porte malheureusement un regard jugeant sur une mère qui consomme tandis que la consommation d’un père est plus souvent minimisée. Les deux parents sont concernés de la même manière par leur rôle de parent.
De plus, on sait que le fait de devenir parent représente un bouleversement pour tout être humain. Le métier de parent est une tâche complexe dans tous les cas de figure. Les personnes qui consomment des substances doivent bénéficier d’un soutien à la parentalité comme tout parent, via des espaces d’échanges sur ce thème qui devraient être mis en place en institution (ambulatoire ou résidentiel)
Par exemple :
- Les services de la protection de l’enfance peuvent mettre en place un soutien éducatif à domicile avec le passage d’un travailleur social dans la famille qui va soutenir les parents.
- La croix rouge, dans certains cantons, propose également un soutien gratuit pour les parents qui rencontreraient des difficultés passagères.
Les problèmes liés aux consommations de substances doivent être abordés selon une approche biopsychosociale. Dans ce sens, l’approche médicale seule est insuffisante.
L’INTERVENTION PAR LES PAIRS
L’article de Sarah Bell révèle que l’intervention par les pairs permet un meilleur accompagnement des personnes concernées. La Fondation du Relais a par exemple soutenu l’émergence de l’association “café des mamans” qui a permis à des personnes ayant vécu ou vivant des situations de parentalité et de consommation de se rassembler et d’échanger dans des lieux informels afin de s’apporter un soutien entre pairs.
DES PRINCIPES DE MISE EN OEUVRE
- Offrir une formation ainsi qu’une supervision régulière aux pairs aidants
- Proposer un cahier des charges
- Définir et respecter les rôles de chaque personne.
- Encourager des pratiques institutionnelles qui se basent sur les forces des parents et qui favorisent leur implication dans les décisions, autant personnelles que structurelles.
La parentalité en situation de toxicodépendance dans le canton de Vaud : Mieux la comprendre, mieux l’accompagner Colombo, A., & Fontannaz, P. (2016).
Bibliographie enfants de parents dépendants – Addiction Suisse