Santé sexuelle
La santé sexuelle est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité, ce n’est pas seulement l’absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité.
Les trois piliers fondamentaux de la santé sexuelle sont :
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- L’autonomie dans les relations sexuelles.
- La satisfaction physique, sociale, psychique et émotionnelle.
- La sécurité dans les relations, garantie par l’accès à des solutions satisfaisantes.
Sur la base du concept de l’OMS, la Commission fédérale pour la santé sexuelle (CFSS) a élaboré en 2015 une définition de la santé sexuelle pour la Suisse. Cette définition comprend les cinq domaines d’action suivants :
- Promotion, maintien et rétablissement de la santé sexuelle comme élément de la santé psychique
- Promotion, maintien et rétablissement de la santé reproductive
- Prévention, dépistage et traitement du VIH, d’autres infections sexuellement transmissibles et des infections de l’appareil génital
- Prévention et lutte contre la violence sexuelle
- Éducation sexuelle (éducation à la santé sexuelle)
- SANTÉ SEXUELLE SUISSE (SSCH) : organisation faîtière des centres de santé sexuelle et des services d’éducation sexuelle dans toute la Suisse.
- Pink Cross: fédération suisse des hommes gays et bisexuels
- LOS: organisation suisse des lesbiennes
- Fédération romande des associations LGBTIQ: les liens vers les différentes associations romandes se trouvent dans la rubrique “membres”. Plusieurs d’entre-elles proposent des offres spécifiques pour les jeunes.
- Refuge Genève: Espace d’accueil pour jeunes LGBTIQ en difficulté
- Les centres de santé sexuelle et les planning familiaux offrent des informations concernant la sexualité et la santé sexuelle.
- L-Check: centre de consultation, de prévention et de promotion de la santé dédié aux femmes* qui ont des relations sexuelles avec des femmes (FSF), au centre de santé sexuelle PROFA de Renens (VD)
- AVEN francophone: réseau d’entraide pour asexuel.les et d’informations sur l’asexualité
- Checkpoints: centres de santé pour les hommes gay et les autres hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que pour les personnes trans et leurs proches.
- Dr. Gay: portail en ligne pour les hommes gays, bisexuels et des autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes avec possibilité de poser des questions anonymes.
- Les Klamydia’s: association pour la santé sexuelle des femmes* qui aiment les femmes.
Consommations et addictions
Définition de l’addiction par la Fédération des professionnels des addictions
Pour la Fédération des professionnels des addictions, qui regroupe les faîtières des trois régions linguistiques GREA (FR), Ticino Addiction (IT) et Fachverband Sucht (DE), les termes « Sucht » en allemand, « addictions » en français et « dipendenze » en italien sont utilisés de manière synonyme. On entend par addiction l’émergence d’un phénomène issu de multiples facteurs, à la fois médicaux, psychologiques et sociaux, impliquant la perte de maîtrise de l’usage d’un produit ou d’un comportement.
L’addiction ne permet plus à la personne d’être autonome face à son projet de vie et à ses relations sociales. Elle demande une réponse de la collectivité dans plusieurs domaines complémentaires, à savoir le social, la santé, la sécurité, l’éducation et l’environnement.
Définition de l’addiction dans le domaine médical et de la psychiatrie
Dans le domaine médical et de la psychiatrie, l’addiction est définie par 11 critères de diagnostics présentés dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM V) :
- Besoin impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de jouer (craving).
- Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance ou au jeu.
- Beaucoup de temps consacré à la recherche de substance ou au jeu.
- Augmentation de la tolérance au produit addictif.
- Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes provoqués par l’arrêt brutal de la consommation ou du jeu.
- Incapacité de remplir des obligations importantes.
- Usage même lorsqu’il y a un risque physique.
- Problèmes personnels ou sociaux.
- Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité.
- Activités réduites au profit de la consommation ou du jeu.
- Poursuite de la consommation malgré les dégâts physiques ou psychologiques.
En Suisse, la stratégie Addiction entrée en vigueur en 2017, constitue le premier cadre global d’orientation et d’action permettant à la Confédération, aux cantons et aux autres acteurs concernés de développer des solutions de manière conjointe, puis de les mettre en œuvre de manière coordonnée. Ce nouveau cadre a pour objectif de permettre d’augmenter l’efficience des activités pour toutes les addictions tant sur le plan des substances que sur celui des comportements.
Même si l’approche de la Stratégie Addictions est plus tolérante et centrée sur la santé et les droits humains, elle reste toutefois fidèle à la politique des 4 piliers du début des années 90 qui repose sur :
- La prévention : contribue à réduire la consommation des substances ou à éviter que des personnes ne commencent à consommer. La promotion de la santé et l’intervention précoce font par exemple partie de ce pilier.
- La thérapie : vise à soigner tout en abordant la possibilité de sortir de la dépendance. Les traitements de substitution ou la consommation contrôlée font partie du traitement.
- La réduction des risques : vise à réduire les dommages associés (maladies infectieuses par exemple) pour des personnes qui sont dans l’incapacité ou qui n’ont pas la volonté de cesser de consommer. La distribution de seringues propres ou le drug checking sont des outils de réduction des risques.
- La répression (devient régulation dans la stratégie) : vise à appliquer les règlementations et à contrôler les marchés.
Indexaddiction recense l’ensemble des services et des offres (résidentielles, semi-résidentielles, ambulatoires ou de réduction des risques) dans le domaine des addictions.
Des vignettes
Les vignettes qui sont présentées dans ce chapitre sont fictives. Elles ont été élaborées par les membres de la Plateforme ” Genres et sexualités” qui se sont inspiré·e·s de leur pratique professionnelle pour proposer des situations correspondant à leur réalité de terrain. Les informations et les recommandations fournies sont destinées à des fins éducatives et ne doivent pas être appliquées à la lettre à une situation similaire. La prise en charge des personnes concernées doit être adaptée aux besoins et aux attentes de chacun·e·x.
Suzanne consomme régulièrement des substances et souhaiterait avoir un enfant. Elle en parle au centre de consultation ambulatoire qu’elle fréquente régulièrement.
RECOMMANDATION
Suzanne a le droit d’avoir un conseil psychosocial et motivationnel sur son projet de grossesse dans un centre de santé sexuelle. Ce conseil lui permettra de se positionner par rapport à son désir d’enfant, à un projet de grossesse et d’avoir des informations sur ses droits actuels et futurs si elle est enceinte puis maman. Un accompagnement psychosocial et médical pourrait être proposé dans le but de promouvoir une grossesse à moindre risque. Ensuite un accompagnement parental peut être proposé.
Danièle va bientôt accoucher. Elle consomme de la cocaïne (3 injections par jour). Elle est suivie par le centre spécialisé Addivie du CHUV.
RECOMMANDATION
Les professionnel∙x·les doivent adopter une posture non-jugeant et bienveillante
Un traitement pour la mère et pour l’enfant est mis en place. Une approche du rétablissement et/ou un soutien communautaire (par les pairs) sont prévus pour aider Danièle à assurer son rôle de mère et améliorer sa qualité de vie. Une approche pharmacologique pour permettre le sevrage du bébé. Sachant que l’expérience de la parentalité permet parfois aux parents qui consomment de se rapprocher d’une certaine « norme » sociétale, l’expérience doit être accompagnée de façon bienveillante et non-jugeante afin qu’elle puisse être vécue de façon la plus harmonieuse et non comme un échec s’ajoutant à d’autres échecs précédents dans le parcours de la personne.
Catherine a 32 ans et consomme de la cocaïne depuis plusieurs années. Depuis env. 2 ans, elle se l’injecte, en moyenne 5 injections quotidiennes.
Depuis plus d’une année, elle fréquente un jour par semaine le centre d’accueil à bas seuil pour s’approvisionner en matériel d’injection. Elle est bien connue des membres de l’équipe. Récemment, elle a confié à l’une des intervenantes (en lui demandant la confidentialité) qu’elle était enceinte de 3 mois. Si, jusqu’à cette annonce, l’intervenante lui remettait le matériel sans difficulté, elle hésite aujourd’hui à le faire vu que Catherine est enceinte.
Sachant que Catherine a tout un réseau psychosocial autour d’elle, il est décidé d’organiser une rencontre avec l’ensemble des intervenant.x.e.s concerné.x.e.s.
RECOMMANDATION
Le désir d’enfant doit être ici accueilli et respecté comme un droit humain. L’injonction de soin comporterait ici le risque de perdre ET la mère ET l’enfant.
Il est recommandé de lui proposer un conseil psychosocial autour de sa grossesse pour qu’elle puisse la vivre le mieux possible, explorer les pistes à court terme (interruption ou poursuite de la grossesse, accompagnement de la grossesse prenant en compte la consommation…) ainsi que pour le futur (partenaire, entourage, situation financière, etc.).
Julie, 16 ans, confie à l’infirmière scolaire qu’elle s’est alcoolisée ce week-end avec des amies, mais que durant la soirée elle les a perdues et qu’elle s’est réveillée chez un inconnu. Elle a peur d’être enceinte, et elle est également inquiète concernant les infections sexuellement transmissibles. Elle ne se souvient plus très bien de ce qu’il s’est passé. Elle ne veut pas que ses parents soient au courant, elle a honte. Elle ne sait pas bien pourquoi elle a fait ça. Elle se sent un peu stressée par les examens de fin d’année qui approchent et son avenir qui est incertain.
RECOMMANDATION
Soutien individuel (empowerment) l’infirmière scolaire adopte une posture non-jugeante et bienveillante, elle exprime qu’elle est touchée et inquiète pour Julie et qu’elle aimerait lui proposer un soutien pour faire le point sur la situation et l’aider à trouver des solutions afin d’éviter qu’elle ne revive ce genre de situation à l’avenir. Elle se tient à l’écoute et à la disposition de Julie. Elle ne reste pas seule avec cette situation. Elle prend contact avec un centre sexuel pour se renseigner. Un réseau se construit peu à peu et cela va lui permettre d’embrayer une réflexion sur sa consommation et sa gestion du stress. Julie peut également prendre des mesures concrètes de précaution en apprenant à mettre un préservatif féminin lorsqu’elle sort faire la fête.
Au niveau du climat scolaire, une action de promotion de la santé et de prévention est organisée afin de renforcer l’estime de soi des jeunes, de renforcer leurs compétences psychosociales de façon générale et de travailler sur la solidarité entre pairs. (Dans le cas de cette vignette, les amies se sont perdues en soirée, il est important de renforcer la solidarité par exemple avec des outils comme le clip de « pote bourré, pote en danger ».