La réduction des risques
La réduction des risques (RdR) est une stratégie de santé publique qui désigne l’ensemble des programmes, des prestations et des pratiques qui visent à réduire les dommages associés à l’utilisation de substances psychoactives, par des personnes qui sont dans l’incapacité ou qui n’ont pas la volonté de cesser de consommer.
Cette approche s’inscrit dans une démarche de promotion de la santé physique, mentale et sociale. Elle se distingue de la prévention ou du traitement puisqu’une de ses caractéristiques principales est qu’elle se concentre sur la personne elle-même, sa pratique, son environnement et leurs conséquences négatives.
En ce sens, la réduction des risques accompagne la personne dans la préservation de sa santé en lui permettant de traverser la phase de consommation avec un minimum d’atteintes sur le plan physique, psychique et social. Il s’agit d’une approche pragmatique et soucieuse de la dignité des personnes, que celles-ci soient dans une consommation occasionnelle ou face à une dépendance avérée depuis plusieurs années.
- La RdR vise l’amélioration de la dignité de la personne, le renforcement de la qualité de vie et le respect des droits humains.
- La RdR s’inscrit dans la définition d’une politique moderne des addictions qui « (…) inclut toutes les formes de consommation. Elle vise à en réduire les dommages et les formes les plus problématiques, tout en respectant la liberté individuelle et la protection des tiers » (déclaration d’Ascona).
- En Suisse, l’art 26. de l’ordonnance relative à l’addiction aux stupéfiants et aux troubles liés à l’addiction sur les stupéfiants (OAstup) mentionne les buts de la réduction des risques.
- Permettre à la personne de traverser la phase de consommation avec un minimum d’atteintes sur le plan physique, psychique et social.
- Garantir des conditions minimales de survie (accès au logement, réinsertion sociale, emplois.
- Informer les personnes consommatrices des moyens de réduire les risques
- Rendre accessible l’information
- Procurer du matériel stérile
- Drug checking
- Traitement de substitution
- Informer sur les droits de la personne
- Assurer la confidentialité et adopter une attitude non-jugeante et s’abstenant de tout jugement idéologique ou moral
- Promouvoir l’accessibilité aux services spécialisés
- Faire évoluer les représentations sociales
- Sensibiliser les professionnel∙x·les d’horizons différents
Dossier “réduction des risques” élaboré par le Groupement romand d’études des addictions
Consommation
Les spécialistes du domaine des addictions considèrent que trois facteurs sont étroitement liés et exercent une influence décisive sur les effets et les risques liés à la consommation de substances psychoactives.
- Le set fait référence à l’état d’esprit, aux croyances et aux attentes de la personne. Il s’agit de l’ensemble des facteurs psychologiques qui peuvent avoir une influence sur cette expérience.
- Le setting se réfère à l’environnement physique, social et culturel. Il peut inclure des éléments tels que la présence d’autres personnes, la musique, l’éclairage qui peuvent avoir une influence sur cette expérience.
- Le terme drugs fait référence aux caractéristiques de la substance (quantité, qualité, méthode de consommation).
Le Groupement romand d’études des addictions définit l’addiction de la manière suivante : “l’addiction est la perte de l’autonomie du sujet par rapport à un produit ou à un comportement. Elle se caractérise par l’association de deux dimensions :
- La souffrance de la personne,
- Les changements de son rapport au monde (aliénation).”
Continuum entre consommation et addiction
Afin d’illustrer la différence entre une consommation non-problématique et la perte totale d’autonomie, les spécialistes du domaine des addictions distinguent trois types de comportements :
- Le comportement excessif (par ex. biture express),
- Le comportement chronique (p. ex. consommation quotidienne d’alcool),
- Le comportement inadapté à la situation (par ex. conduite en état d’ébriété).
« L’envie de vivre de nouvelles sensations, combler un vide ou un manque, entrer en contact avec les autres plus facilement, surmonter des difficultés à vivre son orientation sexuelle (etc..). »ne sont que quelques raisons qui peuvent mener à la consommation de substance.
Des effets différents selon
- L’état émotionnel et psychologique de la personne,
- Ses motivations et ses attentes
Il est donc important de réfléchir à ces facteurs pour minimiser les risques et les effets négatifs qui peuvent être associés à la consommation.
Évaluation de la consommation
Des questionnaires en ligne offrent la possibilité d’évaluer sa consommation :
- d’alcool
- de cannabis
- Site dédié aux HSH (hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes)
- Site d’addiction Valais (Tests d’autoévaluation sur plusieurs substances)
Si la consommation semble être problématique ou si l’entourage semble s’en inquiéter, il est recommandé d’en parler à une personne spécialiste.
Information complémentaire
- Index-addictions-Des services professionnels dans le domaine des addictions
- Safezone – Plateforme qui offre des consultations en ligne sur les dépendances aux personnes concernées, leurs parents et leurs proches, aux professionnels et aux personnes intéressées
L’overdose ou le surdosage correspond à la prise d’une substance à une dose supérieure à celle pouvant être tolérée par l’organisme
LES SIGNES
Les signes sont multiples et peuvent apparaître 2 à 5 heures après la consommation.
Une baisse importante de la vigilance et/ou une perte de conscience pour les opioïdes, l’alcool, les benzodiazépines, le GHB/GBL ou la Kétamine.
LES BONNES PRATIQUES
- Amener la personne concernée dans un centre d’urgence si elle est assez stable
- Sécuriser l’environnement et demander de l’aide autour de soi
- Appeler les secours et décrire l’état de la personne : 144
- Appliquer les gestes de premiers secours si la personne a perdu connaissance
Produits
En Suisse, la loi fédérale sur les stupéfiants et les substances psychotropes (LStup) et ses ordonnances ( l’OCStup, l’OAStup, et L’OTStup-DFI ) contiennent les dispositions relatives à la gestion des stupéfiants et des substances psychotropes ainsi que la répartition des tâches entre les autorités nationales et cantonales compétentes.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le statut légal des substances psychoactives n’indiquent rien sur leur dangerosité. Une étude a démontré que l’alcool est plus dommageable que le LSD, le cannabis ou encore l’héroïne.
Le tableau ci-dessous synthétise la capacité d’atteintes cellulaires (toxicité), le pouvoir de modification psychique (intensité) et le potentiel addictif (dépendance).
Source illustration : (A. Morel, “Aide-mémoire d’addictologie”, 2007)
Les effets indésirables d’une combinaison de substances psychoactives sont nombreux et vont de la survenue de psychoses, à la décompensation psychotique jusqu’à l’arrêt respiratoire. Toutes les consommations exposent à des risques et il est toujours préférable de s’abstenir.
Afin de réduire les risques, il est conseillé de :
- Faire attention aux doses
- Ne pas mélanger plusieurs produits
- Pour éviter l’hyperthermie et la déshydratation, il est conseillé de boire de l’eau en quantité raisonnable
- De prévoir une possibilité de se reposer les jours suivants
- Limiter la fréquence de la consommation
De plus, l’assimilation par l’organisme de certaines substances peut être perturbée par la prise de traitement contre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Il est important d’en parler avec le personnel médical afin d’obtenir les meilleurs conseils sur la réduction des risques et les potentielles interactions dangereuses.
Sur les sites internet HIV Drug interactions ainsi que sur le site internet combi-checker se trouvent des informations et des renseignements complémentaires sur les effets et les interactions possibles entre les différentes substances.
Le drug checking est un outil de réduction des risques qui s’adresse aux usagers et usagères de substances psychoactives. Il permet aux consommateurs et consommatrices de faire analyser gratuitement sur une base volontaire, les substances psychoactives sous toutes les formes (poudres, comprimés, buvards, liquide) et de manière anonyme. Cette analyse est accompagnée d’une consultation obligatoire au cours de laquelle les consommateurs et les consommatrices sont informés et conseillés par des professionnel·x·le·s.
En Suisse, il existe des permanences et des unités mobiles qui proposent des analyses en laboratoire et qui fournissent des informations précises sur la composition (qualitatif) et le dosage (quantitatif) des substances testées.
Ces analyses permettent d’identifier les éventuels produits de coupe dangereux et de connaître la concentration de substance active présente dans l’échantillon.
Les évaluations des dispositifs de drug checking démontrent que les usagers et les usagères ajustent leurs consommations aux résultats des analyses et aux recommandations faites par les professionnel·x·le·s du drugchecking.
Des dispositifs de drug checking en Suisse romande
Les permanences de drug checking en Suisse romande: